Il y a une telle quantité d'espace dans la steppe mongole que l'objectif le plus large ne saurait l'embrasser intégralement. Et quand bien même il y parviendrait, l'image, par les simples limites de son cadre, serait de toute façon réductrice. J’ai pensé que fixer des limites arbitraires, celles des vitres du véhicule, n’enlèverait rien à l’immensité et renforcerait au contraire cette sensation d’être un peu comme un marin dérivant sur une coque de noix au milieu de l’océan. Dans cet espace quasi vide, des poches de vie prennent forme çà et là. Des gens vont, viennent, se posent, repartent, totalement adaptés au milieu, usant le nécessaire, repoussant le superflu. Nous avons mêlé nos curiosités, lors d’instants éphémères où la barrière de la langue s’éclipsait devant la spontanéité du sourire.